Une première historique en Afrique francophone qui ambitionne de transformer la commercialisation des produits agricoles
La Côte d'Ivoire
vient de franchir un cap décisif avec le lancement officiel de sa Bourse des
Matières Premières Agricoles (BMPA), présentée lors du Salon international de
l'agriculture et des ressources animales. Cette initiative, portée depuis 2011
par le président Alassane Ouattara, constitue une première dans l'espace UEMOA
et en Afrique francophone. Selon le ministre de l'Agriculture Kobenan Kouassi
Adjoumani, ce projet répond à un impératif de modernisation du secteur agricole
national, pilier de l'économie ivoirienne.
Calquée sur les
standards internationaux des bourses américaines ICE et chinoises de Zhengzhou,
la BMPA ivoirienne débute ses activités avec trois produits stratégiques : la
noix de cajou, la noix de cola et le maïs. L'architecture adoptée comprend une
régulation autonome, un système de compensation centralisé, des entrepôts
agréés et des contrats standardisés. Cette infrastructure vise six objectifs
majeurs : structurer le marché, garantir la transparence des prix, stimuler la
production, faciliter la circulation des produits, augmenter les revenus des
producteurs et transformer les pratiques commerciales du secteur.
La première
séance de cotation a généré des résultats encourageants avec 88,81 tonnes de
produits échangées pour un volume de 30,84 millions FCFA. Les transactions ont
porté sur 47,81 tonnes de cajou à 440 FCFA/kg, une tonne de cola à 1 000
FCFA/kg et 40 tonnes de maïs à 220 FCFA/kg. Ces échanges se sont déroulés via
une plateforme numérique connectant en temps réel les entrepôts certifiés de
Korhogo et Bouaké, rassemblant ministères, producteurs, institutions
financières et courtiers dans un cadre professionnel et sécurisé.
Avec l'ambition
de devenir l'une des trois principales bourses de matières premières du
continent, la BMPA ivoirienne s'inscrit dans un paysage africain encore
restreint - seulement cinq bourses actives contre 125 mondiales. Face au leader
sud-africain et ses 81,7 milliards de dollars de capitalisation, la Côte
d'Ivoire mise sur son expertise dans les filières agricoles stratégiques pour
s'imposer comme référence continentale. Ce projet pourrait servir de modèle à
d'autres nations africaines cherchant à renforcer leur souveraineté alimentaire
et transformer leurs économies rurales.